Dans cette interview exclusive, j’ai pu m’entretenir avec le Professeur Pierre Boisseau, responsable de la nouvelle Licence Professionnelle Assistant Juridique-Droit du Numérique de l’antenne de Blois de l’Université de Tours. Il m’explique la genèse de cette formation innovante, les publics auxquels elle s’adresse, et comment elle répond aux besoins croissants de compétences juridiques dans le domaine numérique. Découvrez les enjeux, les enseignements clés et la vision du Professeur Boisseau sur l’importance d’intégrer le droit numérique dès la licence pour préparer les étudiants aux défis actuels et futurs de ce secteur en pleine expansion.
1. Pouvez-vous nous parler de l’origine de cette nouvelle licence professionnelle dédiée aux activités numériques à l’Université de Blois ?
La création de cette Licence professionnelle assistant juridique-droit du numérique à Blois découle de la volonté conjointe de nos instances universitaires et des acteurs locaux (Agglomération, Conseil départemental du Loir-et-Cher) soutenant traditionnellement l’antenne de droit de Blois.
Il est en effet apparu que des entreprises privées, mais aussi des personnes publiques, ne parvenaient pas à recruter, en tant que cadres intermédiaires, des juristes formés au droit du numérique. Or les besoins sont réels et la sécurisation des espaces numériques, outre son aspect technique, constitue un véritable enjeu juridique.
2. À qui s’adresse cette licence dédiée aux activités numériques ?
Cette licence s’adresse à des personnes ayant validé au moins une L2 de droit mais aussi pouvant se prévaloir diplôme au niveau Bac plus 2 comportant une réelle dimension juridique (comme par exemple certains BTS). Cette formation étant ouverte à la formation continue, des profils variés sont attendus. Mais puisque cette licence correspond à une L3 professionnalisante, un niveau minimum à Bac plus 2 est exigé.
3. Quels sont les principaux enseignements de cette nouvelle licence ?
La maquette a été définie afin que les étudiants et étudiantes acquièrent des compétences diversifiées en droit du numérique. Ils abordent ainsi le Droit des obligations appliqué au numérique, le Droit des données, le Droit de la cybersécurité, le Droit de la consommation, la procédure civile, pénale et administrative au regard des enjeux spécifiques découlant des espaces numériques. Cette formation comprend aussi des outils de professionnalisation tels que le raisonnement juridique, la rédaction d’actes, l’Anglais, l’informatique, la comptabilité, la communication ou les usages professionnels
4. Selon vous, pourquoi est-il essentiel d’intégrer des cours de droit numérique à l’université dès la licence, sans attendre une spécialisation ?
Une sensibilisation précoce est envisageable, notamment via les cours traditionnels des deux premières années. Mais il me semble qu’il est pertinent de développer un approfondissement à partir du niveau L3. Car étudier le droit du numérique nécessite la maîtrise d’un certain nombre de fondamentaux classiquement étudiés en L1 et L2.
5. Comment cette licence professionnelle prépare-t-elle les étudiants à répondre aux défis actuels et futurs du secteur numérique ?
Elle répond à ces défis principalement de deux manières. Tout d’abord parce que les acteurs du domaine concerné sont en recherche de cadres intermédiaires susceptible d’intégrer l’emploi rapidement dès la fin d’une L3. Le recours à l’apprentissage est donc une donnée essentielle et répond à l’attente d’un certain nombre d’étudiants et d’étudiantes. De plus, une formation rigoureuse et concrète, définie à l’aune des besoins des entreprises et des personnes publiques concernées, permettra aux personnes formées de trouver leur place dans le monde professionnel en participant à la révolution numérique au bénéfice des acteurs économiques et administratifs employeurs.
Je tiens à exprimer ma profonde gratitude au Professeur Pierre Boiseau pour sa disponibilité et la richesse des éclairages qu’il a bien voulu partager avec moi et les lecteurs de LexWeb sur cette nouvelle licence professionnelle dédiée aux activités numériques.
Vincent Gorlier
LW